Les éjections de masse coronales (CME) sont de grandes éruptions de plasma et de champ magnétique de la basse couronne solaire vers l’espace interplanétaire. Ces éjections sont souvent associées à l’accélération d’électrons énergétiques qui produisent diverses sources d’émission de plasma intense. Dans des cas relativement rares, les électrons énergétiques peuvent également produire une émission gyrosynchrotron à l’intérieur de la CME elle-même, permettant un diagnostic de l’intensité de son champ magnétique. Un tel diagnostic est important pour évaluer l’énergie magnétique totale de la CME, qui est le moteur premier de l’éruption.
Nous présentons ici une source inhabituellement forte de rayonnement gyrosynchrotron sous la forme d’un sursaut radio de type IV associé à une CME survenue le 1/9/2014, observé à l’aide d’instruments de la station de radioastronomie de Nançay. La combinaison de mesures de densité spectrale de flux des instruments de Nançay et du réseau RSTN (Radio Solar Telescope Network) de 300 MHz à 5 GHz révèle un spectre gyrosynchrotron avec un pic à 1 GHz. A partir de ces mesures radio, d’un modèle de rayonnement gyrosynchrotron, d’un diagnostic de densité d’électrons non thermiques avec l’instrument GBM (Gamma Ray Burst Monitor) de Fermi, et des images de l’éruption avec l’imageur X mous (SXI = Soft X-ray Imager) de GOES, nous avons pu calculer à la fois l’intensité du champ magnétique et les propriétés des électrons énergétiques émettant des rayons X et des sursauts radio dans la CME.
Nous trouvons que l’émission radio est produite par des électrons non thermiques d’énergie > 1 MeV avec un indice spectral δ 3, dans un champ magnétique de la CME de 4,4 G à une hauteur de 1,3 R⊙, tandis que l’émission de rayons X est produite à partir d’un spectre d’électrons similaire mais avec des énergies beaucoup plus faibles de l’ordre de 10 keV. Nous concluons en comparant les caractéristiques des distribution électroniques déduites des mesures X et radio, et montrons comment une telle analyse peut être utilisée pour déterminer les propriétés globales d’une CME.
Références : E. P. Carley et al., A&A 608, A137 (2017)
https://www.aanda.org/articles/aa/abs/2017/12/aa31368-17/aa31368-17.html